Merci Sybille
Chers amis, chers camarades pour certains d’entre vous,
Chers députés européens, chers candidats, Cher Olivier, premier secrétaire, cher Raphaël,
Permettez-moi de saluer plus particulièrement à mon tour, Sylvie Guillaume dont le mandat extrêmement fécond s’achève. Je veux saluer, Murielle Laurent, candidate issue de notre Métropole qui va s’inscrire dans la double lignée de Martine Roure et de Sylvie Guillaume, toutes les deux vice-présidentes du Parlement européen ce qui nous laisse augurer un très bel avenir pour toi Murielle. Vous le voyez, nous avons une tradition de femmes engagées pour l’Europe dans notre département.
Cher Cédric, merci en nous accueillant à Villeurbanne, de permettre ce temps de rencontre dans notre Métropole qui est une France en miniature, avec sa grande ville, ses banlieues, ses communes rurales. Ce sont des terres de lutte acharnée contre l’extrême-droite, des terres de compagnons de route de François Mitterrand, de Lionel Jospin et de François Hollande, des terres de grands socialistes ; Jean Poperen, Charles Hernu, Jean Jean-Jack Queyranne, Jean-Paul Bret, Christiane Demontes, Najat Vallaud Belkacem. Nous y avons tous appris le sens de l’intérêt général.
Chers amis, chers camarades, nous vivons un moment d’une très grande gravité et pourtant, cet après-midi, nous sommes nombreux, galvanisés, parce que nous ne pouvons pas nous résoudre à la montée des populismes, au défaitisme et au renoncement.
Chers amis, ici, comme partout en France, les quartiers populaires, les zones péri-urbaines et rurales sont les miroirs grossissants d’un des principaux maux dont souffre l’Europe. Ce mal qui nous ronge c’est notre difficulté à opposer aux détracteurs de l’identité européenne, une véritable conscience collective dépassant les frontières. Ce mal qui nous ronge, c’est cette certitude hélas trop souvent ancrée, que l’Europe ne peut trouver de solutions aux problèmes du quotidien.
Dès lors, porter un projet de rupture avec la doxa ultra libérale, est indispensable mais insuffisant. l’Europe doit aussi assumer son histoire, elle doit être en capacité d’incarner un chemin dans les désordres actuels du monde, au moment où s’imposent des enjeux climatiques déterminants.
L’Europe est prise en étau, entre le bloc impérialiste de la Chine et de la Russie qui instrumentalise l’histoire coloniale des peuples et les Etats-Unis sous la menace du retour de Donald Trump, et donc l’Europe, notre Europe doit incarner une troisième voie. Notre Europe, celle que nous proposons, c’est celle de la régulation économique, sociale, environnementale, c’est l’Europe de la paix, au moment où il y la guerre en Ukraine guerre aux portes de l’Europe, c’est l’Europe de Jacques Delors, à l’heure où l’on voudrait nous faire basculer dans le choc des civilisations.
Le conflit du Proche-Orient, nous le voyons bien, entre en résonance avec l’histoire du monde, aggrave les fracturations sur notre continent, faute d’une vision et d’un récit fédérateurs.
Notre Europe, c’est celle qui s’affranchit des nostalgies de l’extrême droite, celle qu’ils ont d’une Europe qu’ils fantasment, monocolore blanche et chrétienne. C’est vrai le phénotype des invités dans nos mariages vont changer, je le vois bien à la mairie de Vaulx-en-Velin. Et alors, disons nous ici ? Oui, l’Europe est et sera métissée, et il faut le dire clairement, tranquillement et même joyeusement.
Notre Europe, c’est celle qui ne laisse pas se diffuser le narratif des milices de Wagner au Mali et au Niger, c’est celle qui assume que nos histoires avec le Maghreb et l’Afrique subsaharienne en particulier sont étroitement mêlées.
Et, voyez-vous, l’histoire coloniale de l’Europe paradoxalement nous donne à la fois une obligation à agir et une capacité à comprendre.
Je sais que toutes les personnes présentes ici combattent et combattront les mots de la droite et de l’extrême-droite mais cela ne suffit pas, ne suffit plus. Le sujet de l’immigration étroitement lié aux changements climatiques est plus que prégnant. L’extrême-droite nous explique que les miradors sont une réponse or notre monde contemporain sera aussi regardé à l’aune des corps des hommes, des femmes et des enfants qui gisent dans la mer Méditerranée.
En sortant des postures, nous bâtissons des solutions. La liste menée par Raphael Glucksman le fait, en affirmant que nous ne pouvons plus penser la politique migratoire en dehors du champ de l’écologie, nous ne pouvons plus penser la politique migratoire en dehors du cadre européen. Nous, élus locaux, avec l’affaiblissement de la gouvernance mondiale, nous régulons de fait les désordres du monde. Chaque fois qu’il y a une catastrophe, un drame, une guerre, quelque part dans le monde nous en avons les répercussions dans nos villes et particulièrement les villes populaires.
Ce sont les maires qui doivent accueillir un CADA et qui s’en retrouvent empêchés, souvenons-nous du maire de Saint Brévin, aucune gouvernance mondiale ne s’intéresse réellement à la question du Soudan depuis que nos ressortissants ont été évacués, personne ne se préoccupe de la situation d’Haïti qui sombre dans le chaos, personne sauf les maires.
Et c’est notre honneur car nous nous retrouvons, Cédric l’a beaucoup dit, en première ligne sur les questions de logement lorsque les migrations les plus récentes accueillent les plus anciennes, lorsque la question de l’accueil inconditionnel dans nos écoles nous permet d’accueillir tous les enfants quels qu’ils soient et c’est notre honneur. Les tiraillements, les désaccords de l’Europe sont régulés sur le terrain. Et donc je m’adresse à nos actuels et futurs députés européens présents aujourd’hui parmi nous : c’est un compromis construit pas à pas, à bas bruit à l’échelle de nos villes par les habitants eux-mêmes et les élus locaux.
Je sais, parce que je vous connais, que vous construirez ces espaces de compromis à l’échelle européenne. Vous parlerez du quotidien, vous trouverez des solutions, vous changerez la vie, c’est votre ligne d’action, pour protéger en construisant une défense européenne, à produire en Europe, à garantir la justice sociale, et Aurore l’a fort bien dit, par la taxation sur les plus hauts patrimoines, à défendre le pouvoir d’achat, à nous loger.
Voyez-vous, dans 40 jours, notre vote sera une volonté économique, écologique et sociale, il doit être aussi l’expression de notre volonté de cohésion sociale au moment où les européens sont traversés par des questions existentielles : qui sommes-nous ? Quelle est notre identité ? Est-ce que l’expression vivre ensemble a encore du sens ?
Je sais que même les plus convaincus de l’universel doutent de notre capacité à faire société. Nos smartphones sont saturés d’informations angoissantes, les théories complotistes prospèrent et la raison semble perdre du terrain. Alors lorsque les heures apparaissent si sombres, il faut revenir à l’essentiel.
« Les souvenirs sont nos forces. Quand la nuit essaie de revenir, il faut allumer les grandes dates, comme on allume des flambeaux » disait Victor Hugo.
Alors rappelons-nous quelques grandes dates. C’est en France, en 1789, que des femmes et des hommes ont proclamé que nous naissons libres et égaux en droit à rebours du sens commun de l’époque. La lutte contre l’antisémitisme c’est notre histoire quand Jean Jaurès en fait un combat absolu lors de l’affaire Dreyfus. L’abolition de la peine de mort avec Robert Badinter et François Mitterrand, le droit à l’IVG de Gisèle Halimi, sont nos combats. La reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l’humanité, c’est Lionel Jospin et Christiane Taubira, la marche du 11 janvier avec François Hollande qui a été notre réponse aux attentats, pas la guerre civile, le mariage des personnes de même sexe aussi avec Christiane Taubira et Erwann* Binet qui est dans la salle. Bien sûr, le chemin fut tourmenté, bien sûr, il nous reste encore de nouveaux droits à acquérir, des combats pour l’égalité et contre les discriminations à mener de toutes nos forces, mais nous sommes les héritiers de cette promesse originelle d’égalité, de liberté et de fraternité qui fonde notre République d’aujourd’hui.
J’ai dit le chemin parcouru, rapidement, je veux dire maintenant, ce que nous pouvons clamer avec force dans les semaines qui nous séparent du 9 juin. Et je le dis avec mon regard de maire de ville populaire.
Nous avons dans les quartiers populaires d’Europe, le monde entier, soit nous en faisons en force, soit nous construisons des sociétés de la juxtaposition. Or, la force de l’Europe est d’avoir fait dans ses textes de droits, de tous ses enfants, quelle que soit leur histoire personnelle, des européens à part entière. Je viens moi-même d’une partie de l’histoire de France, parfois douloureuse, celle des outre-mer et j’ai grandi avec l’Europe présente, à 8000 kms de l’Hexagone et j’en suis comme nous tous ici, l’héritière.
Croyez-le, les villes populaires se retrouvent, malgré elles, au cœur des questions de société du moment, avec les mots immigration, intégration, assimilation, séparatisme, étroitement mêlés par tous les populistes qui n’ont pas de solutions à apporter. Et la loi immigration portée par le Gouvernement et votée au mois de décembre dernier a aggravé les amalgames et les confusions.
Nos villes populaires, vous le savez, sont constitutives d’exils et de luttes pour l’émancipation. Elles sont le réceptacle, de celles et ceux venus pour travailler, fuir la misère ou la guerre et les persécutions.
Or, ces derniers jours, le débat s’aggrave au point que nos banlieues ne sont vues qu’au travers du prisme de ceux qui parlent de banlieues ensauvagées, de banlieues communautarisées, de ceux qui développent le récit d’un vote captif, oubliant qu’y vivent les hommes et les femmes de la première ligne de la crise sanitaire, les soignants, les logisticiens, les transporteurs, les ouvriers et les employés, et tous ont l’ambition d’offrir une meilleure vie à leurs enfants.
Alors nous ne pouvons parler de ces sujets avec les mots de la Droite, encore moins de l’extrême-droite qui sépare, qui rejette et qui exclut, mais pas plus le dire avec les mots des populistes qui essentialisent.
Et toi Raphaël, tu as trouvé les mots pour sortir des caricatures dans lesquelles le débat public enferme désormais les quartiers populaires.
Avec toi Raphael, je ne me résigne pas à ce que les populistes nous ramènent en permanence à une couleur de peau ou à une religion, que certains considèrent que les prénoms Mohamed ou Fatima n’ont pas droit de cité, que d’autres traitent « d’arabes de service » ou de « bounty » ceux qui font le choix de défendre notre République et je ne me résous pas à ce que d’autres aujourd’hui dans la douleur du conflit israélo-palestinien qui ravive toutes les haines, fassent mine de croire qu’être juif fasse de vous un soutien à la politique menée par Benyamin Netanyahou et qu’être musulman un complice du Hamas !
Parce que nous ici, et cher Olivier, cher Raphaël, vous l’avez dit avec force et clarté, nous condamnons l’attaque terroriste du Hamas, nous demandons le cessez-le-feu à Gaza, et quand le PSE, le 9 juin sera majoritaire en Europe, il mettra en œuvre tous les moyens possibles à la création de deux Etats, l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine.
Parce que nous ici, nous sommes opposés au différentialisme, et à l’essentialisme, et nous ne laisserons pas faire ceux qui délibérément tentent de fracturer notre pays.
Parce que nous ici, nous luttons chaque jour, de toutes nos forces, contre nos propres obscurantismes, contre cette peur ancestrale, cette peur que je qualifierais d’atavique inscrite en chacun de nous, cette peur de l’autre, celle qui nous conduit à trouver toujours et en tous lieux des boucs émissaires,
Parce que nous ici, nous disons avec Aimé Césaire, que nous voulons depuis toujours que notre bouche soit la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche.
Parce que nous ici, nous avons l’intime conviction que même malmené, l’universalisme est le chemin.
Je le dis aux populistes de tout poil, aux extrémistes de tous bords, aux séparatistes, l’Europe est faite de diversité d’histoires personnelles et nous ne renoncerons jamais à l’ambition d’en faire un peuple européen, doté d’une volonté farouche, celle de construire un destin commun.
Le grand écrivain Frantz Fanon écrivait : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ».
Nous savons désormais quelle est la nôtre, lutter de toutes nos forces contre les idéologies mortifères, affirmer que le vivre – ensemble est possible, vouloir changer l’ordre des choses comme le dit Léon Blum quand il est en contradiction flagrante avec la volonté de justice, d’égalité, de solidarité qui vit en nous.
Nous savons que nous avons choisi le chemin le plus difficile, nous l’avons encore éprouvé avec toi ce matin, avec les camarades à Saint Etienne, le chemin de la raison et de l’utopie européenne à la fois, mais il est le seul salvateur.
Mes chers amis, voter Glucksmann, c’est voter pour une Europe émancipatrice, voter Glucksmann, c’est dire que notre Europe est notre force, voter Glucksmann, c’est voter pour une liste profondément européenne, tout simplement, dont toutes les composantes sont unies par le même idéal, la même conviction, le même combat et le même universalisme.
Alors, chers amis, cher Raphaël, chers candidats, votre tâche est immense, et nous sommes très nombreux à vos côtés pour vous accompagner ! J’ai confiance en vous, nous avons confiance en vous pour gagner et mettre en œuvre les puissantes transformations dont l’Europe a besoin.
Avec les candidats, avec Murielle, Pierre, Aurore, Frédéric, Nora, Aubin, Sybille, et avec Raphaël Glucksmann, nous allons faire campagne sans relâche pendant les 40 prochains jours, car nous savons que l’essentiel est en jeu, et nous ferons nôtres ces très beaux mots de Yasmina Khadra : nous allons faire d’une lueur une torche et d’un flambeau un soleil » !
Avec Raphaël, nous allons réveiller l’Europe !

