Chère camarade, cher camarade,
Je veux féliciter l’équipe de négociateurs et les camarades de la CMP qui ont montré nos oppositions et qui ont négocié, jusqu’au bout, les amendements. J’avais écrit la liste des négociateurs, mais j’ai constaté qu’elle était exclusivement masculine et je ne ferai pas de moment féministe maintenant mais il nous faudra en reparler.
Il ne faut pas avoir la position honteuse, Olivier, Boris et Patrick, vous serez les premiers à porter l’expression dans les assemblées ainsi que les porte-paroles du Parti. Tout le monde a compris que nous sommes dans l’opposition et que nous avons fait le choix de donner un budget au pays avec des avancées que je ne re-listerai pas. C’est la force de la semaine qui vient de s’écouler, nous avons réussi à faire passer, dans l’ensemble du débat national, ces avancées. C’est ainsi qu’hier, lorsque Manuel Bompard est interrogé sur BFM TV, il est obligé de démontrer que nous n’avons pas obtenu d’avancées. C’est lui qui se trouve, désormais, sur la défensive et qui tente de nous accuser de trahison, alors même que les journalistes peuvent lister les avancées parce que vous avez fait ce travail de pédagogie en même temps que vous avez négocié. Vous avez expliqué ce que vous négociiez – étape par étape – et le Gouvernement, peu ou prou, a répondu. Les victoires sur le texte sont donc bien là même si c’est une évidence, ce n’est pas un budget socialiste.
Nous sommes dans l’opposition donc il y aura des textes sur lesquels nous nous opposerons dans la suite de la vie parlementaire. J’insiste là-dessus car il faut une suite à la vie parlementaire. Une fois que le budget sera passé sans que nous le votions – je rappelle que nous n’avons pas voté le budget – il y aura d’autres débats parlementaires sur lesquels les Français vont nous attendre. En tant que maire d’une ville populaire il y a un certain nombre de sujets qui concernent la politique de la ville et pour lesquels il faudra la force de la Gauche pour empêcher les reculs, les limiter, voire arracher des avancées. Parce qu’il arrive qu’entre maires de sensibilités différentes des quartiers populaires on puisse avoir un avis convergent sur un amendement. Il ne faut pas se dire que notre vie politique de socialistes s’arrête après le budget, il faut un budget pour la stabilité du pays et notre texte d’orientation soutiendra le principe de non censure à la fois du PLF et du PLFSS.
Ensuite s’ouvre un débat sur les valeurs, l’éthique. Tous les socialistes, ici, ont été choqués par les mots de François Bayrou, ils sont des militants de la première heure contre le Rassemblement National et se disent qu’il faut trouver la façon de redonner de la force et de la vigueur à notre démocratie. J’alerte aussi sur le fait que – et nous ne nous opposerons pas à ce que propose Olivier Faure – notre objectif premier c’est, de lutter contre le Rassemblement National et c’est ce que nous faisons en ne votant pas la motion de censure, car nous l’empêchons d’avoir la main sur le budget mais notre second objectif c’est de gagner des élections. Il faut une réflexion plus profonde que le réflexe de gauche que nous avons contre les termes. Parce que ce réflexe de gauche aux Etats-Unis, n’a pas permis à Kamala Harris de gagner. Aujourd’hui ce sont les populistes qui gagnent beaucoup d’élections intermédiaires. Dans les élections partielles des territoires français, c’est la droite qui est devant. Au moment même où nous affirmons que la « Trumpisation » gagne la société, les électeurs se déplacent pour la soutenir, comme ils l’ont fait pour Trump aux Etats-Unis. Notre réflexion doit être plus profonde et plus poussée que le réflexe pavlovien que j’ai comme vous tous quand j’entends certains mots qui me mettent en colère. Si nous voulons parler d’éthique, nous devons réfléchir aux bons moyens d’éviter aux discours populistes de prospérer. En France nous sommes plus résistants qu’ailleurs dans le monde, mais pour l’instant, les dernières élections partielles mettent la droite en tête partout, les LR portés par les propos de Bruno Retailleau arrivent en tête. Il faut donc réfléchir à notre action politique dans ce cadre-là.
En conclusion, je l’ai dit, il ne faut pas avoir la position honteuse, c’est à dire être clair dans nos futures prises de parole. Il ne faut pas se défausser mais affirmer que nous ne votons pas la censure car nous avons été saisis par les corps intermédiaires, car celles et ceux que nous avons rencontrés sont inquiets et ont peur de l’avenir, d’un pays sans budget. Ce n’est pas vrai que le pays fonctionne sans budget. Nous agissons en responsabilité comme les héritiers du Front Populaire et de Léon Blum qui a gardé la Vieille Maison. C’est la Vieille Maison qui a mené à la victoire Front Populaire en 1936 et donc aux responsabilités.
Enfin il faudra suivre le débat des retraites. Les travaux se poursuivent-ils ? Sont-ils à l’arrêt ? Les Français nous serons gré si cette conférence sociale donne des avancées sur la réforme des retraites et notamment sur la mesure d’âge, si nous sécurisons un peu mieux le processus des retraites ou si nous ramenons ce débat au Parlement en le portant avec force. Il y aura de nouveaux enjeux de confrontation avec un Gouvernement qui est clairement de droite. Ce que nous pouvons retirer du moment que nous vivons, c’est qu’il faut que nos électeurs comprennent qu’après le moment de confusion d’Emmanuel Macron, la Gauche et la Droite, ce n’est pas la même chose, nous ne portons pas les mêmes idéaux, la même vision de la société et du monde, le même rapport à la démocratie et à l’altérité. C’est ce que nous pouvons aujourd’hui réaffirmer sereinement parce que nous n’avons toujours pas de leçons de gauche à recevoir des uns et des autres. Nous avons été très clairs, nous ne sommes pas au Gouvernement et nous nous opposons. Dans notre environnement immédiat, les uns et les autres l’ont bien compris. Si nous sommes très affirmés, convaincus de ce que nous disons dans cette semaine, il n’y aura pas de sujet de confusion tels que LFI ou François Bayrou veulent nous y entrainer. Il n’y en aura pas si nous sommes clairs et responsables, si nous sommes un parti qui proposera dans la suite des avancées pour les Français qui ne peuvent attendre deux ans pour qu’il y ait des améliorations dans leurs vies quotidiennes.
Notre texte d’orientation, que j’ai le plaisir d’animer, soutiendra la proposition de non censure des textes et se penchera sur la proposition, que tu fais Olivier, d’avoir une expression contre les mots tenus par François Bayrou pour réaffirmer nos valeurs. Mais je pense que la meilleure façon d’affirmer nos valeurs c’est de le faire tout au long des mois qui viennent en réfléchissant à une stratégie de victoire pour ne pas finir comme les démocrates américains ou comme la gauche italienne en capilotade. Je suis assez optimiste, je pense que c’est notre moment et qu’il faut le vivre avec beaucoup de force et de conviction, c’est le moment des socialistes pour le pays.

