La contribution

Debout les Socialistes

A la veille du 80ème Congrès du Parti Socialiste, nous militantes et militants, sommes à la croisée des chemins. Si nous voulons enrayer l’inexorable montée de l’extrême-droite, il nous faut porter un congrès de vérité et redonner un corpus idéologique au Parti socialiste.

Nous proposons de bâtir ensemble une nouvelle Gauche fière de ses valeurs, ancrée dans la réalité de tous les Français, tournant résolument le dos à l’impasse populiste.

Nous proposons de rester fermes sur nos valeurs, sur notre histoire. Il y a urgence à œuvrer en faveur d’une alliance des gauches capable de parler à une base sociologique élargie comprenant les territoires évincés du récit national.

➔ NOTRE calendrier POUR la refondation

01


➔ Février à novembre 2023

Conventions thématiques dans les fédérations; votes des militants sur les orientations du Parti

02


➔ Novembre 2023 à décembre 2023 :

États généraux de la Gauche et des écologistes – vote des militants sur un contrat de projet commun

03


➔ Mars 2024

Congrès de refondation

La Gauche des solutions : allons à l’idéal et comprenons le réel

A la veille du 80ème Congrès du Parti Socialiste, nous militantes et militants, sommes à la croisée des chemins, sans nostalgie de la grandeur qui fut la nôtre, mais inquiets de ne plus pouvoir peser sur la marche du pays et du monde, au service des femmes et des hommes qui n’ont que la force de nos combats, depuis deux siècles, pour que leur vie change.

Nous, les socialistes, avons une responsabilité immense. Si nous voulons enrayer la montée de l’extrême-droite, il nous faut porter un congrès de vérité. Il nous faut regarder avec lucidité les maux dont souffre notre société, comprendre les désordres du monde et proposer un avenir à notre jeunesse. Il nous faut présenter un débouché politique aux colères de nos concitoyens, incomprises par le Gouvernement, confortées par les annonces sur les retraites, l’assurance chômage et la non taxation des super profits.

Notre 80ème Congrès est l’occasion de redonner une colonne vertébrale, un corpus idéologique au Parti Socialiste.

Pour cela nous vous proposons de « Refonder, Rassembler et Gouverner ». Cette méthode nous permettra de tracer un chemin, une vision, afin que le Parti Socialiste, la Gauche et les écologistes puissent de nouveau transformer la société.

Quelle est la situation du Parti Socialiste ?

Depuis dix ans, nous n’avons plus réfléchi en profondeur. Pendant le quinquennat de François Hollande, au moment où nous gérions le pays, les socialistes se sont déchirés aux yeux de tous les Français, sur les questions économiques et sociales. Ainsi, nous n’avons pu tirer aucun bilan, ni de nos réussites, ni de nos erreurs ou de nos manquements. L’inventaire a minima de la direction nationale, à l’issue du congrès d’Aubervilliers, n’a ouvert aucun champ de réflexion de fond. La direction du PS a théorisé la fin du Parti et a conduit une stratégie d’effacement derrière d’autres forces politiques, faisant de l’union de la gauche non pas un aboutissement, mais une tactique désespérée.

Ainsi, nous nous sommes dissimulés derrière Place Publique pour les élections européennes et le score fut pour le moins décevant.

Lors de l’élection présidentielle, la direction a fait mine de soutenir notre candidate pour mieux l’abandonner au profit de l’improbable démarche de la primaire populaire. Enfin, face au score de notre famille politique à l’élection présidentielle, la direction s’est ralliée à LFI, dans un accord « sauve qui peut », tentant de conserver quelques sièges à l’Assemblée Nationale, et ce, sans base programmatique et sans consultation des militants. Elle a suspendu, sans autre forme de procès, 78 de nos camarades du Parti Socialiste, militants sincères, candidats sous nos couleurs aux élections législatives.

Le Parti socialiste dirigé par Olivier Faure est devenu une filiale de LFI, la plupart des circonscriptions détenues par cette dernière étaient socialistes en 2012.

Si, dans le passé, au sein des alliances de l’Union de la Gauche et de la Gauche Plurielle, les organisations avaient les valeurs de la gauche universelle en partage, c’est désormais le cynisme qui prime, un populisme qui heurte nos valeurs, qui théorise l’apport des voix du RN lors des motions de censure votées récemment.

Prisonnière de cette alliance, la base sociologique de la NUPES continue de se réduire comme peau de chagrin, autour d’un noyau dur d’habitants des cœurs de Métropoles et de leurs périphéries immédiates. En effet, de nombreux Français issus des quartiers populaires, des villes moyennes, des zones rurales, et des classes plus aisées, autrefois progressistes, se sont détournés des socialistes pour leur préférer d’autres offres politiques, qu’ils pensent plus susceptibles de répondre à leurs problématiques quotidiennes.

Que proposons-nous ?

Une Gauche des solutions, aux antipodes de la Gauche de l’incantation, une Gauche déterminée à gouverner. Nous proposons de bâtir un nouveau rassemblement de la Gauche fière de ses valeurs, ancrée dans la réalité de tous les Français, tournant résolument le dos à l’impasse populiste.

Nous, élus, militants associatifs et syndicaux agissant au service d’habitants de villes populaires et rurales, revendiquons une gauche qui s’assume, utile aux citoyens, une gauche des solutions. Les valeurs de gauche ne se décrètent pas, elles s’appliquent quotidiennement dans nos quartiers, dans nos campagnes, auprès des plus modestes.

Restons fermes sur nos valeurs et notre histoire quand la période exhorte à la mesure et à la responsabilité. 

Travaillons à la mise en œuvre d’une alliance des gauches agissant concrètement en faveur d’une base sociologique élargie et comprenant tous les territoires.

Substituons au cartel électoral, une véritable alliance populaire, un Front de classe qu’avait porté en son temps François Mitterrand donnant les moyens à la Gauche de représenter l’ensemble des Français, au-delà des seules catégories favorisées des centres urbains.

Notre projet est celui d’une alliance nouvelle, des catégories populaires qui se réfugient dans l’abstention ou le vote RN, des classes moyennes qui se détournent de plus en plus de la politique et des classes favorisées, autrefois favorables au projet socialiste, et désormais parties chez LREM, faute de propositions convaincantes de notre part.

Réaliser cette alliance nécessite un véritable travail programmatique, une réflexion de l’ensemble des militants sur notre logiciel politique afin de l’ancrer dans le quotidien des Français, car, comme l’affirmait Jean Jaurès, « pour aller à l’idéal, il faut comprendre le réel ». 

Nous nous appuierons sur les militantes et les militants pour mener nos travaux, comme nous l’avons fait pour cette contribution, en revivifiant la démocratie interne du Parti, nous porterons un véritable agenda de la Refondation.

Pourquoi Refonder ?

Nous savons l’urgence nécessaire de la Refondation, notre score à la Présidentielle a montré que nous n’étions pas prêts, que nous étions devenus inaudibles. Notre Parti n’a pas travaillé. Les militants n’ont été consultés sur aucun choix majeur. Les élections législatives ont été marquées par la désaffection des quartiers populaires, par un vote pour le Rassemblement National amenant 89 députés à l’Assemblée Nationale. Elles ont été marquées par l’abandon en rase campagne de nos principes par la direction nationale dans un accord n’ayant pas permis l’élection d’un nombre de députés socialistes plus important qu’en 2017.

Il y a urgence à proposer aux Français une Gauche des solutions.

Déphasés ! C’est ce que nous sommes devenus face aux préoccupations des Françaises et des Français. Les militants que nous sommes, nous trouvons démunis face aux questions que nous posent nos voisins, amis, collègues. Nos réponses sont mécaniques et relèvent désormais du registre de la posture accompagnée d’indignations outrancières.

Nous n’avons plus réfléchi à notre rapport au travail moderne depuis longtemps. Là encore, nous voilà pris dans une contradiction, entre la nécessaire solidarité vis-à-vis des plus fragiles et l’émancipation par le travail qui doit rester notre horizon.

Oui la transition écologique nous la voulons ! Mais elle doit cesser de s’adresser essentiellement à ceux qui vont bien. Rassembler sur la transition écologique, c’est la condition sine qua non pour éviter l’accroissement de la fracture entre certains habitants des Métropoles puissantes économiquement et les habitants des territoires ruraux.

Loin des anathèmes, nous devons constater l’impuissance de l’État à juguler l’insécurité, la première des inégalités, qui gangrène désormais tous nos territoires. Il nous faut sortir d’un discours d’arrière-garde. Construisons une politique de sécurité qui s’appuie sur un pacte national entre les citoyens, les forces de l’ordre et la justice pour assurer la tranquillité publique.

Nous devons reconnaître que la question éducative doit mobiliser la société toute entière et ne peut reposer entièrement sur l’Éducation Nationale même si des moyens supplémentaires sont nécessaires.

Nous socialistes, réaffirmons l’universalisme de la France, martelons son attachement au principe de laïcité. Assumons, pour cela, toute l’histoire de France, ses zones d’ombre et ses zones de lumière. Il faut comprendre et reconnaître les dysfonctionnements de notre pacte républicain. 

Pourquoi Rassembler ?

Le rassemblement c’est bien sûr unir la gauche, dans un contrat de projet et non pas au gré d’accords électoraux. Mais c’est surtout unir le pays et ses sociologies éclatées, c’est faire France commune. Nous devons remobiliser les syndicats et les associations. Nous refusons d’opposer les Français entre eux, Français qui ne se reconnaissent pas dans une radicalité dont les promoteurs sont hors sol.

Le pays est épuisé.

Depuis quatre ans, le mouvement des gilets jaunes, la crise sanitaire, l’inflation, la crise énergétique dont nous connaissons les prémices peuvent durablement fracturer les Français entre ceux qui sont les gagnants de la mondialisation et ceux qui ne se chaufferont pas cet hiver. Nos services publics, sont exsangues sur tous nos territoires. Notre système de santé est à bout de souffle, témoignant du renoncement à la promesse d’égalité du XXème siècle.

Pis, notre jeunesse est aujourd’hui consumée par l’eco-anxiété et nous pousse chaque à agir.   Le mouvement féministe éclate enfin en pleine lumière, et nous demande une parole et des actes forts. Ne sommes-nous pas le Parti dont la loi sur la parité a contribué à faire émerger les femmes désormais reconnues en politique ?

Nous devons recréer une alliance entre les classes populaires et les classes moyennes, entre les anciens et les jeunes, les femmes et les hommes, entre les territoires.

Le PS refondé, au clair sur sa vision pour le pays, pourra se tourner vers ses partenaires pour négocier l’unité, sur la base de son identité propre, renouvelée, réaffirmée à l’occasion d’un « nouvel Epinay », puis autour d’une plate-forme discutée en commun, c’est l’union de la gauche que nous voulons.

Nous travaillerons avec la gauche européenne, rassemblant ainsi les socialistes européens pour faire bloc face à la montée de l’extrême-droite en Europe.

Pourquoi Gouverner ?

Pour agir.

Si nous refondons, si nous rassemblons, le PS redeviendra la force centrale qui assure la victoire de la Gauche.

Nous n’avons pas abandonné notre ambition d’entraîner des réformes décisives pour notre pays et donc d’être aux responsabilités. Nous ne sommes pas une force de protestation par essence, comme LFI. Cette démarche conduit à réduire l’espace politique de la Gauche, et la maintient dans un rôle de figurant politique. L’envie de revenir au pouvoir témoigne de notre volonté pérenne de changer la vie.

Nous revendiquons de gérer les collectivités locales avec responsabilité, en transformant la vie quotidienne des citoyens.

Gouverner, c’est aussi penser l’avenir de l’Europe, c’est penser notre pays et l’ensemble de ses territoires dans une Europe amenée, par de nouveaux défis, à s’interroger.

Quelle réponse coordonnée face aux épidémies annoncées ? Comment fortifier nos démocraties lorsque la guerre en Ukraine bouleverse nos économies ?

Si nous souhaitons peser sur la construction européenne et sur sa gouvernance, nous ne souhaitons pas la faire éclater. Ainsi, disons clairement qu’il n’y aura pas de liste commune avec LFI lors des prochaines élections européennes car nous croyons en l’Europe.

Nous voulons, aux prochaines échéances, être en capacité de gagner des élections car nous n’avons pas peur du pouvoir, nous croyons son exercice indispensable pour changer la vie.

Et si nous devions retenir un seul argument pour nous engager, ce serait celui de c’est la progression de l’extrême-droite en Europe, un Rassemblement national en France, désormais aux portes du pouvoir !

Au moment de la préparation du Congrès de Villeurbanne, Debout les Socialistes écrivait, il y a maintenant deux ans, avec une forme de prescience : « Le PS va-t-il survivre ? Après avoir humanisé la société, assuré la liberté, imposé la laïcité, soutenu la République, promu l’égalité, défendu le travail, incarné pendant près de deux siècles le combat pour la justice, l’espérance socialiste va-t-elle quitter la scène de l’Histoire ? Malgré la force de son implantation locale, mais faute d’incarnation nationale, le Parti de Jaurès, Blum et de Mitterrand est-il condamné aux seconds rôles ? Est-il réduit à la fonction d’un supplétif complexé qui mendie sa place sur la liste des autres, qui baisse la tête sous les accusations rituelles de trahison, qui espère, au mieux, rayonner faiblement, tel un astre mort qui ne luit que par sa gloire passée ? »

Le 80ème congrès doit apporter la réponse à ces questions.

Le PS, s’il se transforme, a l’avenir pour lui et il aura le peuple français avec lui. Ces tâches sont exaltantes pour nous, essentielles à la Gauche, décisives pour le pays.

Nous devons tirer des leçons de nos erreurs mais aussi de nos réussites. C’est à cette condition que nous pourrons convaincre, c’est à cette condition que nous pourrons refonder notre famille politique. Cette refondation reposera non seulement sur un travail programmatique d’ampleur, mais également sur une réforme structurante du fonctionnement de notre appareil partisan.

Pour un congrès de vérité : 17 questions de la gauche des solutions

Comment faire France commune ?

  1. Comment porter un projet qui fasse sens pour tous les territoires ? 

Le mouvement des « gilets jaunes » a mis en exergue l’injustice territoriale : concentration des richesses dans les métropoles, difficultés d’accès aux services publics, enclavement des quartiers, inégale couverture numérique, délaissement du périurbain et des campagnes. Une partie de nos concitoyens se sent abandonnée par la République. Face à ce constat, nous proposons de :

  • Relancer le développement économique des territoires ruraux en relocalisant l’activité, en faisant activement la promotion du « made in France » et de l’ESS.
  • Booster la compétitivité et l’initiative de nos PME par l’extension du décret visant à contrôler les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques de la France, à de nouveaux secteurs, la fixation d’objectifs de relocalisation et en particulier dans les industries de la santé. La planification des investissements publics renforcera l’ESS.
  • Accélérer la construction de logements dans les territoires : contractualisation d’objectifs de construction entre l’État et les collectivités assorties de sanctions. Faciliter l’accès au logement pour les classes moyennes et populaires ; créer des foncières publiques.
  • Rendre aux collectivités leur autonomie financière et fiscale. 2. Comment imaginer les services publics au cœur de nos territoires ?

Maillons nos territoires et redonnons confiance aux citoyens qui subissent une ségrégation territoriale en instaurant de nouveaux services de proximité :

  • La crise sanitaire a accéléré le service à distance, la relation à l’usager doit redevenir centrale : services publics itinérants, remontées d’information grâce au numérique. Il faut attirer, plus encore, les « talents » dans la fonction publique en baissant, par exemple, le seuil du nombre d’années d’expérience professionnelle pour se présenter aux concours.
  • Développer le « bien vieillir » dans les territoires : contrôles inopinés sur les établissements ; revalorisation de l’APA ; service public de maisons de retraite.

3. Le système scolaire aggrave les inégalités scolaires : comment refonder l’école ?

La France est devenue le pays avec l’école la plus inégalitaire de l’OCDE, et ne répond plus à la promesse d’intégration sociale (PISA). Il est urgent pour la Gauche de se réapproprier les concepts de méritocratie et d’excellence ; l’école doit rassurer les parents sur le fait que leurs enfants auront le meilleur accompagnement en vue de leur réussite, mais également de leur épanouissement et de de leur émancipation.

  • Inverser cette tendance au travers de réformes structurelles :  traitons les sujets d’organisation des établissements, de l’accompagnement individuel des élèves, de la revalorisation du métier d’enseignant.

Créer une nouvelle alliance éducative entre l’Éducation Nationale, l’Education Populaire et les Parents en liant tous les temps de vie de l’enfant, de l’élève

4. Comment faire de l’Universalisme un chemin ?

Nous sommes face à un défi inédit. Nous sommes attachés à l’Universalisme malmené par des Français qui s’interrogent sur ses dysfonctionnements. « Il y a deux manières de se perdre » disait Aimé Césaire, « par ségrégation murée dans le particulier, ou par dilution dans l’universel.

Nous devons à la fois refuser la tentation différentialiste et essentialiste, y compris à gauche et écarter un principe d’assimilation qui nierait les histoires personnelles. Il faut pour cela s’appuyer sur un partage approfondi de l’Histoire de France avec ses zones d’ombre et de lumière, faire mémoire commune et lutter contre les ceux qui portent des séparatismes.

Réaffirmons notre combat contre les discriminations en dotant la recherche d’outils et de moyens pour faire cesser les suspicions sur cette question.

Nous devons lutter contre l’instrumentalisation par les extrêmes du principe de laïcité. Parce que la laïcité est une conquête, nous devons inlassablement en expliquer la genèse et ses prolongements dans la société moderne, à l’école mais aussi dans l’entreprise et dans la vie associative et sportive.

5. Comment parler d’immigration en vérité ?

La France est le fruit du brassage de la population et de l’immigration qui est, en ce sens, une chance pour le pays. Or la politique d’immigration doit être pilotée. Nous savons que la question migratoire va s’imposer en raison des bouleversements climatiques à venir et qu’une fermeture des frontières portée par l’extrême-droite est illusoire.

  • Ouvrir le débat sur les critères d’admission d’étrangers en France qui doivent pouvoir être définis par le Parlement.
  • Quelle réponse socialiste à la situation des étrangers en situation irrégulière. Des étrangers, pour partie déboutés du droit d’asile sont en situation irrégulière depuis de nombreuses années, leurs enfants sont éduqués dans nos écoles. Il faut les régulariser. Traiter la question des OQTF en dehors d’un discours simpliste ignorant la réalité des situations.
  • Engager une réflexion sur les conditions de travail des étrangers en France en vue d’une facilitation du contrat de travail.
  • 6. Comment répondre à la fausse promesse d’une société sans autorité ?

Nous assistons à une double impasse : la police n’est plus vue comme un pilier de notre République, une partie de la population s’en défie et dans le même temps, la demande d’autorité est accrue. La Gauche du réel ne doit plus craindre de s’emparer de la question sécuritaire, première des inégalités, tant sur le plan territorial que social.

  • Nous ferons France commune par un droit opposable à la sécurité. Les pouvoirs publics ne sont pas responsables de l’insécurité mais de ne pas trouver de solution dans la durée. Les habitants sont donc fondés à demander des comptes.
  • Un pacte national entre les forces de l’ordre, la justice et les citoyens : police du quotidien, IGPN indépendante, augmentation du nombre de juges au parquet, renforcement de l’accompagnement pendant / à la sortie de prison.

7. Comment réussir ensemble la révolution féministe ?

Le phénomène « Metoo » a été un levier puissant de progression de la cause féministe. Le parti socialiste, qui a été à l’avant-garde de la progression des droits des femmes, doit continuer à jouer ce rôle d’éclaireur. Afin d’amplifier les batailles et inscrire les réussites dans la durée, il faut faire de l’égalité femmes – hommes une grande cause nationale.

  • Lutter pour l’égalité femmes-hommes à travers la formation
  • Œuvrer en faveur de l’égalité salariale, de l’orientation des jeunes femmes vers l’ensemble des filières.
  • Appliquer une stricte égalité de responsabilités dans le Parti.

Comment affronter l’urgence sociale et écologique ?

8. Le travail, vecteur d’épanouissement et de reconnaissance sociale ?

Sous la pression de la mondialisation libérale, d’un côté les détenteurs de capital ont vu leurs dividendes flamber tandis que les travailleurs les moins qualifiés ont vu leur travail dévalorisé. Or pour nous, le travail est un élément essentiel pour favoriser l’émancipation et faire société.

  • Accroitre la participation des salariés au CA des entreprises.
  • Pour les travailleurs des plateformes, mise en place d’un dialogue social et sanctions renforcées à l’égard des plateformes qui fraudent.
  • Engager une réflexion sur le lien de subordination du contrat de travail et l’évolution du travail salarié.
  • Maintenir les retraites à 62 ans et 60 ans pour les carrières longues et pénibles ; revaloriser les petites retraites. La réforme doit faire l’objet d’une concertation.

9. Comment consacrer un droit effectif et universel à la santé ?

Nous devons garantir l’accès aux soins pour tous et partout et donc assurer la pérennité de notre système de santé. Nous devons à la fois réformer l’hôpital et les conditions d’exercice des professions libérales de la santé.

  • Mettre en place une obligation d’exercice dans les zones sous-dotées à la sortie des études de médecine.
  • Sortir de l’hôpital entreprise : sortir de la T2A, organiser une campagne de recrutement des personnels soignants, d’ouverture de lits dans les hôpitaux.
  • Investir dans la prévention des maladies environnementales

10. Comment protéger notre environnement face à un capitalisme débridé ?

Nous ne pouvons penser la transition écologique sans la réduction des inégalités, sans œuvrer en faveur d’une efficacité plus qu’une sobriété énergétique, et sans soutien à une activité productive innovante pour « décarboner » l’énergie.

  • A moyen terme, nous assumons un mix énergétique comprenant un nucléaire sécurisé et renouvelé. A plus long terme, nous visons une sortie du nucléaire grâce à la R&D.
  • Renforcer le soutien à la conversion à l’agriculture biologique.
  • Rendre les transports en communs plus accessibles, accélérer la rénovation énergétique des bâtiments : un plan pluriannuel pour atteindre 10 milliards d’euros par an.
  • La fiscalité doit être plus juste : taxe carbone à l’importation, TVA circulaire, réduite à 5,5 % aux activités de réparation et de réemploi, ISF climatique, orienter le crédit d’impôt vers l’innovation sociale et écologique, favoriser la production locale. 

11. Corriger les inégalités à la racine grâce à une fiscalité plus juste

L’héritage est le moyen de reproduction des inégalités le plus puissant qui existe. Nous proposons donc de rendre la fiscalité des successions plus progressive et ce parce qu’en pourcentage, les plus riches paient moins d’impôts que les classes moyennes. Il s’agira également de transformer le capitalisme tout en boostant la compétitivité de nos PME.

  • Supprimer les trop nombreuses niches fiscales sur les successions et les donations.
  • Instaurer une CSG progressive
  • Encourager les transmissions d’entreprises en zone rurale.

Réaffirmer notre attachement à une Europe encore plus au service des peuples et des territoires face à une mondialisation débridée

12. Nous devons porter haut le projet d’Europe politique afin qu’il se traduise rapidement en actes.

  • Doter l’Europe d’un budget propre étoffé, renforcer la défense européenne commune, mettre en place des listes électorales transnationales.
  • Plusieurs niveaux d’intégration permettraient de renforcer les politiques publiques européennes et faciliteraient leurs votes.

13. Face à la tentation nationale-populiste, comment sortir l’Europe de la concurrence libre et non faussée sans désobéir aux traités ?

Reformuler l’Europe a toujours été un sujet sensible entre attachement des européens à leur nation et désir de fédéralisme. Nous avons la conviction qu’en vue d’une bonne articulation entre cadre national et communautaire, un certain nombre de sujets doivent être traités à l’échelle européenne.

  • Construire une Europe de la sécurité sanitaire, pour que l’UE ne se contente pas d’accompagner les politiques nationales. Harmonisation des règlementations, adoption de textes contraignants…
  • Ajuster la politique migratoire : Renforcement des moyens à l’intégration sur le territoire et la solidarité entre les États membres de l’UE : renforcer l’offre gratuite de cours de français ; équilibrer l’accueil territorial des migrants ; donner le droit de travailler aux demandeurs d’asile.

14. Une France forte dans une Europe puissance

La France est une puissance qui s’ignore : Avec 300 millions de locuteurs, le français est aujourd’hui la 5ème langue la plus parlée au monde. L’espace francophone produit 16 % du PIB mondial.

  • Créer un espace économique francophone.
  • Développer un espace Schengen et un Erasmus francophones, des universités francophones, des filières bilingues et des lycées français à l’étranger.
  • Développer la coopération culturelle : une plateforme de streaming et un média d’information francophones.

15. A l’issue d’une décennie qui a bouleversé le monde, comment réinventer la solidarité internationale ?

  • Réinventer le multilatéralisme autour des questions de gestion des biens communs, de réponses aux inégalités. Permettre au conseil de sécurité de l’ONU prendre des résolutions contraignantes liées aux menaces environnementales.
  • Création d’une instance en charge de l’application des engagements pris dans les conférences climatiques.
  • Élaboration d’un plan mondial pour nourrir la planète.

La Gauche et les socialistes dans tous leurs états

16. Quel Parti pour quelle forme de militantisme au XXIème siècle ?

Les partis politiques doivent être à l’image de la société. Nous devons rétablir la démocratie interne confisquée par la direction nationale. Le PS doit redevenir un lieu de l’élaboration de la pensée.  

  • Plus aucun accord politique sans l’avis des militants.
  • Un plan de numérisation du parti facilitant les échanges entre les militants de toutes la France, avec la direction nationale et les partenaires.
  • Une formation des militants axée sur la pratique de terrain.
  • Un organisme de recherche interne pour reconnecter avec les intellectuels.

17. Quelle union de la Gauche est possible ?

Nous sommes attachés à l’union de la gauche. Construisons-la au travers d’un contrat de projet et dans le cadre de notre agenda de la refondation.

Rassemblons la famille des socialistes, dispersée, désespérée, puis associons les forces vives de la société tout au long de l’année 2023 à la réponse aux seize questions posées dans ce texte.

Notre pays vote aujourd’hui majoritairement à droite, et la NUPES n’a pas permis d’inverser cette tendance. Une bataille culturelle doit être menée pour redonner leurs lettres de noblesse aux concepts de progrès, de vivre ensemble, de justice sociale.

La justice sociale est l’affaire des socialistes. Le socialisme est né d’une révolte de la conscience humaine contre les cruautés du capitalisme. Au nouveau capitalisme, ils doivent opposer un nouveau socialisme, qui relance, sur la base de son héritage, celui des Lumières, de la Raison et de la Fraternité, qui relance le combat féministe, le combat pour l’égalité, l’écologie, la laïcité, la citoyenneté et la liberté. Un nouveau socialisme qui affronte les défis de la numérisation, de la transition énergétique, de l’éco-agriculture, de l’intelligence artificielle, des villes décarbonées, de la réindustrialisation verte, du juste échange et de la réforme de l’Europe, de l’insécurité, de l’immigration. Un nouveau socialisme qui apporte une réponse construite, fondée sur nos valeurs, aux questions posées par les débats identitaires. Notre parti doit donc se transformer, se doter d’un nouveau projet.

Nous devons porter les utopies de ce siècle commencé dans le désenchantement. C’est à cette seule condition, que l’union de la gauche nous permettra d’arriver au pouvoir.

***

Depuis cinq ans, les dirigeants de notre parti ont méthodiquement mis en place les conditions de son attrition autour d’une stratégie de la disparition plutôt que de la refondation. Une succession de tactiques électorales a eu pour conséquence la dilution de notre formation politique dans l’extrême-gauche au nom de l’union, la décroissance inexorable du nombre d’adhérents, la fin de l’autonomie des fédérations, sur fond de mépris des militants et de la démocratie interne, d’absence de travail programmatique, d’opacité de la gestion des finances du Parti.

Par conséquent, nous en appelons à la responsabilité et la détermination de l’ensemble des militants confrontés à un choix déterminant : celui de l’existence même de notre formation politique. Le 80ème congrès du Parti socialiste est le congrès de la dernière chance.

A cet instant crucial de notre histoire commune, notre responsabilité est immense et notre voix entraîne avec elle l’héritage de décennies de luttes, menés de générations en générations, par des femmes et des hommes qui ne se sont jamais résignés à l’injustice, aux inégalités et aux populismes.

Nous avons pu nous tromper, nous avons parfois déçu, mais les combats que nous menons sont plus grands que nous et consubstantiels de la nature humaine. Nous menons l’éternel combat pour la liberté et pour l’égalité.