A l’heure où la démocratie européenne est menacée par les blocs impérialistes de la Chine, de la Russie, et des Etats-Unis qui érigent la brutalité, le profit et le capitalisme numérique en déterminants des relations internationales, à l’heure où le conflit du Proche-Orient aggrave les fracturations sur notre continent, les citoyens du monde entier sont traversés par une crise identitaire majeure. Les identités nationales s’exacerbent, alimentant la montée des nationalistes et des populistes.
Dans un tel contexte, et face à la menace immédiate d’une prise de pouvoir par l’extrême droite en France, seule une candidature socialiste ou social-démocrate en 2027 dotée d’un projet de transformation du pays, pourra entraîner l’adhésion d’une majorité de Françaises et Français et empêcher ainsi le RN d’arriver au pouvoir.
Or nous voilà taraudés, à la veille du 81ème congrès du Parti Socialiste par une question existentielle, quel est l’avenir du socialisme et du socialisme français en particulier ?
Les efforts des élus et militants de « Debout Les Socialistes » pour exhorter la direction nationale à dévier sa trajectoire, ont porté leurs fruits. La ligne politique que nous avons toujours portée a été validée notamment par le succès d’une liste socialiste aux élections européennes et les avancées obtenues par le PS sur le budget de la Nation. Au congrès de Villeurbanne en 2021, Debout Les Socialistes écrivait, « quand nous privilégions l’union à tout prix sans contenu clair, quand nous transigeons sur nos valeurs ou que nous alimentons une certaine confusion sur notre culture de gouvernement au profit d’une radicalité clivante, alors nous perdons la confiance des Françaises et des Français ». Au moment du congrès de Marseille en 2023, nous affirmions encore, que si le PS se refondait et était au clair sur sa vision pour le pays, alors, il pourrait se tourner vers ses partenaires pour négocier l’unité, sur la base de son identité propre, renouvelée, réaffirmée à l’occasion d’un nouvel Epinay.
La contribution générale de Debout Les Socialistes aura pour ambition de tracer un chemin pour notre famille politique afin qu’elle soit en situation de gagner les élections présidentielle et législatives de 2027, en plus de victoires significatives aux municipales.
Nous voulons un Parti qui retrouve un fonctionnement interne démocratique, permettant l’acceptation de toutes les sensibilités. Au-delà d’un respect plus strict des statuts, il faudra nous engager dans une réflexion visant à les retravailler afin de permettre plus simplement une synthèse politique. Mitterrand, Jospin, Hollande ont démontré l’efficacité d’une synthèse construite dans les congrès.
Nous voulons une nouvelle majorité rassemblant les socialistes sur une vision actualisée, une stratégie gagnante et un nouveau leadership. Ce congrès doit nous permettre de nous doter des fondements de notre projet, de définir les conditions et le périmètre de l’union de la Gauche, de préciser les modalités de désignation de notre candidat à la présidentielle. Il doit redonner au Parti Socialiste un premier secrétaire national « de mission ». Il mettra en place, dans le respect des statuts et de l’égalité dans les débats, en renouvelant le contrat du parti avec ses militants, les conditions nécessaires pour désigner un candidat ou une candidate socialiste à l’élection présidentielle, en mesure de remporter la victoire et d’obtenir une majorité au Parlement.
1. Les fondements du projet
Face aux peurs modernes, il faut « dire » la société qui vient. La social-démocratie devra mener les nouvelles batailles de la gauche, intégrant au-delà de nos combats historiques, sociaux et économiques, les enjeux identitaires, écologiques et technologiques avec une valeur cardinale, la démocratie.
L’idéal de justice est le moteur qui nous permettra, aux côtés des corps intermédiaires, de réaffirmer notre capacité à agir sur le monde à travers un projet de transformation sociale.
Agir sur le monde, c’est réactiver l’internationale socialiste face à une internationale réactionnaire. Les pourparlers de paix engagés dans la guerre en Ukraine, la négociation du cessez-le-feu au Proche-Orient, la réorientation de la politique étrangère de l’Afrique subsaharienne mettent en évidence l’absence de la France et de l’Europe. Face aux soubresauts géopolitiques, toutes les organisations internationales nées du traumatisme de la seconde guerre mondiale ont perdu tout pouvoir de régulation (l’ONU, l’OMC, etc.). Il est donc indispensable de refonder la souveraineté économique de la France et de l’Union Européenne, de muscler la défense européenne.
Transformer le monde, c’est aussi combattre le déclassement des classes moyennes, l’abandon des classes populaires en agissant sur le pouvoir d’achat, en repensant les services publics, non plus seulement en termes de moyens mais également au travers d’un pacte avec les citoyens autour de leur périmètre d’action et de leurs objectifs pour refonder le consentement à l’impôt. La Gauche doit, en synergie avec les syndicats, se ré-approprier la question essentielle de la création et répartition de la richesse à l’aube d’une révolution d’ampleur liée à l’Intelligence Artificielle qui bouleversera les métiers. Si l’immigration est essentielle pour notre pays, la multiplication des demandeurs d’asiles dans les années à venir, les migrations générées par les défis climatiques imposent de piloter cette politique dans ce nouveau contexte international, notamment en renforçant la coopération entre pays.
Transformer le monde revient également à combattre la fausse promesse d’une société sans autorité, en instaurant, comme dans les territoires, un pacte national entre les forces de l’ordre, la justice et les citoyens.
L’éducation est au cœur de l’ADN socialiste. Il est urgent pour la Gauche de repenser les notions de réussite, de mérite et d’excellence.
Il nous faudra protéger notre environnement face à un capitalisme débridé en œuvrant afin que « fin du mois » et « fin du monde » ne s’opposent plus.
Notre projet doit pouvoir proposer une transformation des conditions de vie au travers des politiques d’éducation, de santé, de sécurité, de préservation de la planète et il doit aussi porter un combat tout aussi existentiel, celui de promouvoir un universalisme renouvelé. Nous pourrons emprunter un chemin universaliste si nous affirmons que nous sommesune France métissée dans une Europe qui l’est tout autant. Toutefois, pour que notre universalisme soit pleinement concrétisé, matérialisé, il devra s’appuyer sur deux piliers, la laïcité et la recherche constante de justice.
2. La stratégie présidentielle – Epinay II
A l’issue du congrès doivent être lancées les assises de la Gauche, un « Epinay II », réunissant la famille des socialistes et socio-démocrates dispersés : les militants regroupés autour de Benoit Hamon, Emmanuel Maurel, Bernard Cazeneuve, Raphaël Glucksmann, Sacha Houlié et celles et ceux qui ont leur histoire consubstantielle de celle du Parti Socialiste.
Il nous faut reconstruire une force politique démocratique capable d’abriter les sensibilités de la gauche républicaine qui nous donnera la possibilité de construire des réponses solides aux Françaises et aux Français. C’est au sein de cette nouvelle formation politique, que les militants désigneront leur candidat ou candidate à l’élection présidentielle à l’automne 2026. La question des accords se posera ensuite. Une primaire sous la forme de la primaire populaire n’a pas de sens. De toute façon, Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa volonté d’être candidat à l’élection présidentielle de 2027.
« L’union de la Gauche » est devenue le mantra des partis politiques de gauche. Or jamais une candidature unique de la gauche à l’élection présidentielle n’a été victorieuse. Cette union de façade porte en germe des défaites successives, oubliant que l’union est un moyen et non une fin.
Il nous faudra travailler sur un contrat de législature et de gouvernement commun avec les écologistes et les communistes. Avec LFI, nous mettrons en œuvre, comme depuis longtemps à gauche, les désistements de second tour face au RN. Les derniers évènements ont montré que le NFP ne permet pas de gagner des élections et de gouverner.
À ce moment charnière de notre récit collectif, notre détermination à réaffirmer notre identité au regard du chemin parcouru par « Debout Les Socialistes » est plus forte que jamais.
Voilà le moment de la Gauche Républicaine, porteuse d’utopies qui transforment le monde, capable de gouverner pour changer la vie des Françaises et des Français.

