Pour gagner, un Grand Parti Socialiste et une nouvelle alliance – Debout Les Socialistes

81ème Congrès du Parti Socialiste – NANCY

Contribution générale de Debout Les Socialistes avec Hélène Geoffroy présentée par 111 membres des instances nationales, 1ers – 1ères Fédéraux, parlementaires, maires et plus de 1200 militantes et militants

Aït-Keddache Audrey, Allemand Patrick, Amiot Justin, Apparicio Jean-Michel, Ardouin Cédric, Baghery Orod, Balzon Mélanie, Barat Geneviève, Beneton Jean-Claude, Ben Khelifa Lotfi,  Binet Erwann, Blanchard François, Bloch Martine, Bourgi Hussein, Braud Maurice, Brugère Phillipe, Brun Madeleine, Brunet Christine, Cahn Mathieu, Cammas Céline, Capdevielle Colette, Caraco Claudine, Carlotti Marie-Arlette, Caulet Francis, Chapaveire André, Christophoul Michèle, Cambadélis Jean-Christophe, Chazel Sophie, Couraud Geneviève, Cuillandre François, Dancona Benoit, Delimi Halima, Devinaz Gilbert-Luc, Doucet Philippe, Dubos Sandrine, Ferrand Ammar Jérôme, Fichet Jean-Luc, Flores Maryse, Floureusses Sandrine, Fourage Hugues, Gaborit Nicolas, Gachon Loïc, Gaillard Emilie, Gelli Robert, Ginisty Florence, Gitton Mathieu, Guevel Yann, Girardin Maxime, Hadj Abdelkader Sadia, Harquet Philippe, Henrard Jacques, Hentic Valentine, Huillier Joëlle, Hoareau Antoine, Hougin Aymard Julie, Huonnic Pierre, Jaouen Bruno, Jeoffroy Chantal, Kalfon François, Kemel Philippe, Koro Marie-Rose, Laurent Murielle, Le Meaux Vincent, Loch Jean-François, Lopez Marc, Louviers Angèle, Maalouf Rita, Malbranque Christelle, Mallot Jean, Melin Guy, Menard Baptiste, Mendez Joe, Mennucci Patrick, Merlier Lysandre, Monteil Frédéric, Morvan Nicolas, Mpondo Grâce, Nabet-Girard Brigitte, Narbonnais Valentin, Neugnot Michel, Oreggia Jacques, Pantanella Pierre, Perrard Damien, Peirano Mireille, Pinville Martine, Pikorki Thibaut, Pineda Delphine, Ramen Elisabeth, Regis Colette, Regis Daniel, Riamon Marie-Hélène, Ringot Bertrand, Robert Elie, Robert Sylvain, Roche Paul, Rossi Valérie, Rovarino Isabelle, Sadourny Marie-Pierre, Salmon Jean-Noel, Soltani Boulares, Stephan Colette, Temal Rachid, Terrier Georges, Thimel François, Thirionet Sylvette, Thomas Jean-Jacques, Tria Nordine, Vega-Ritter Clotilde, Vayssouze Jean-Marc, Verilhac Aubin, Vigreux Thomas, Vollant Gilles…

Pour gagner, un Grand Parti Socialiste et une nouvelle alliance – Debout Les Socialistes


Le 81ème Congrès du Parti Socialiste doit faire émerger un Grand Parti Socialiste pour une nouvelle donne, proposer une direction nationale renouvelée reposant sur une méthode claire en retrouvant l’esprit d’Epinay* et gagner avec un candidat socialiste-social démocrate à l’élection présidentielle.

Le Nouveau Front Populaire est caduc. Il a démontré son incapacité à être une force alternative à la Droite et à l’extrême-droite. Pis, La France Insoumise assumant d’être populiste, au travers d’une stratégie de bruit et de fureur, a jeté le discrédit sur les combats historiques qui sont les nôtres, ceux de la République, de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Nous proposons de bâtir une nouvelle alliance pour rebâtir une gauche de gouvernement :

  • l’alliance des socialistes et socio-démocrates dispersés qui défendent la démocratie,
  • l’alliance des Français dans un Front de classe, face aux sociologies éclatées, aux différentes générations angoissées,
  • l’alliance des progressistes du monde entier face à l’internationale réactionnaire.

Dans un pays « bloqué », à l’aube d’une crise de régime, seule une candidature socialiste- social-démocrate en 2027, dotée d’un projet de gouvernement et de transformation du pays qui entraînera l’adhésion d’une majorité de Françaises et Français, pourra l’emporter face au Rassemblement National.

L’Epinay II c’est, dès cet automne, lancer les assises de la Gauche, une nouvelle alliance socialiste-social-démocrate, qui rassemblera largement tous ses tenants depuis Benoit Hamon jusqu’à Sacha Houlié en passant par Emmanuel Maurel, le Parti Radical de Gauche, Bernard Cazeneuve, Raphael Glucksmann, et nos compagnons de route.

C’est au sein de cette alliance que nous voterons pour notre candidat et que nous élaborerons notre projet. L’élection présidentielle française représente une étape clé dans la lutte contre la vague nationale-populiste et l’histoire montre qu’une candidature unique de la gauche n’est pas la garantie d’une victoire à l’élection présidentielle ou à des élections législatives. Cela implique de construire une stratégie efficace, avec un candidat socialiste-social démocrate capable de contrer l’extrême droite, en rassemblant non seulement la gauche et ceux qui refusent le creusement des inégalités, mais surtout les Français.

*l’unité de tous les courants socialistes a eu lieu en 1971 au congrès d’Épinay qui a élu François Mitterrand premier secrétaire

Nous bâtirons avec les écologistes, le PCF et les formations de gauche un contrat de gouvernement afin de sortir d’une union de façade et construire un projet commun solide.

Notre alliance, fondée sur un Epinay II, est aussi un Front de classe, c’est-à-dire le rassemblement  des classes populaires, des classes moyennes, des classes aisées, la réunion des territoires, les centres urbains, les quartiers populaires, les zones rurales et les Outre-mer. Elle est aussi la reconstruction d’un contrat générationnel.

Nous réaffirmerons notre attachement aux corps intermédiaires, aux partenaires sociaux au premier rang desquels figurent les syndicats pour nourrir un nouveau contrat social.

A l’épreuve des transformations du monde, cette nouvelle alliance doit porter l’ambition d’un État puissant pour redéfinir une société de la croissance, s’appuyant sur la recherche et l’innovation, et pour s’engager dans la transition écologique plutôt qu’être paralysée par l’éco-anxiété. Nous investirons massivement dans la souveraineté technologique et la formation à chaque étape de la vie dans un monde en perpétuelle mutation. Nous remettrons en mouvement l’État en renforçant les services publics essentiels. Nous réaffirmerons l’importance du travail dans un monde à l’aube d’une Révolution lancée par l’IA de même ampleur que la Révolution industrielle. Nous garantirons la mise en commun des richesses plutôt que leur accaparement par une minorité.

La nouvelle alliance répondra aussi à l’exigence de cohésion républicaine à l’heure où la société se disloque car nous ne croyons pas à la fausse promesse d’une société sans autorité.

Nous mènerons les nouvelles batailles de la gauche, intégrant au-delà des combats sociaux et économiques, la réaffirmation de son ancrage universaliste en endossant la lutte contre les discriminations, ainsi que son ADN écologiste et féministe. Nous assumerons une France métissée dont la cohésion s’appuiera sur l’universalisme et la laïcité, notre héritage fragile et précieux.

Enfin nous affirmons que nous ne sommes pas partisans de la motion de censure, sauf s’il y avait un manquement grave aux institutions. Avec LFI, nous mettrons en œuvre, comme depuis longtemps à gauche, les désistements de second tour face au Rassemblement National. De la même façon, nous ne recréerons pas le NFP en cas de législatives anticipées.

Dans cette perspective, notre Parti doit retrouver un fonctionnement interne démocratique, permettant l’acceptation de toutes les sensibilités. Il nous faudra refonder nos statuts et rendre le parti aux adhérents et aux fédérations. Pour ce faire, il nous faut désigner un ou une premier.e secrétaire national.e « de mission » qui rebâtira, à chaque étape avec les militants, le Grand Parti socialiste en le réorganisant, en nous dotant des fondements de notre projet, en définissant les modalités de désignation de notre candidat à la présidentielle, en nouant des alliances victorieuses.

Aux congrès de Villeurbanne en 2021 et de Marseille en 2023, les militants de « Debout Les Socialistes » se sont opposés à la stratégie de la direction nationale de notre Parti. Nous nous félicitons, qu’après un long chemin, chacun soit désormais convaincu qu’il nous faut nous affirmer, sortir de la stratégie d’effacement de notre parti au sein de cartels électoraux et de l’inféodation à La France Insoumise. Notre ligne politique a été validée notamment par le succès d’une liste PS – Place Publique aux élections européennes.

La contribution générale de Debout Les Socialistes a pour vocation la construction du corpus idéologique du parti, l’alimentation d’une feuille de route nous permettant d’être en situation de gagner l’élection présidentielle et les élections législatives en plus de victoires significatives aux municipales et aux sénatoriales.

L’exceptionnelle gravité du moment dans lequel nous sommes nous oblige, nous socialistes, à faire de ce 81ème congrès un congrès qui trace le chemin pour répondre aux désordres du monde et de notre pays. Ceux-ci sont bouleversés par la métamorphose du capitalisme avec la révolution de l’immatériel, l’accélération de la dégradation climatique, la convergence des intérêts impérialistes des Etats-Unis et de la Russie contre l’Europe, de la politique impérialiste de la Chine, la guerre en Ukraine, le conflit au Proche-Orient, la montée des nationalismes, les défis migratoires. Les démocraties européennes subissent les assauts du populisme en leur sein, Italie de Meloni, Hongrie de Orban. Jamais, depuis la Seconde Guerre Mondiale, notre démocratie, notre état de droit et notre état social n’avaient été autant menacés.

De même, la multiplication des conflits aggrave sur notre continent les fracturations y compris au sein de nos sociétés. Les identités nationales s’exacerbent, alimentant la montée des nationalistes et des populistes. La peur du lendemain de nos concitoyens est exploitée par leurs discours mortifères. Aujourd’hui, la digue républicaine risque de ne plus contenir la submersion de nos sociétés démocratiques par les populismes qui remettent en cause les piliers démocratiques, la séparation des pouvoirs.

Face au sentiment d’impuissance, de paralysie que la démocratie incarne désormais, la radicalité s’impose dans les mots et dans les postures. Notre socialisme est épuisé, à l’image de nos sociétés européennes, dont la demande de plus de confort a paradoxalement engendré un désenchantement collectif. Faute d’utopie, la radicalité, la demande de radicalité semblent s’imposer comme moteur du vote à gauche.

En corollaire se pose le sujet de la relation du socialisme au pouvoir, ouvrant un débat toujours d’actualité entre le réformisme qui passe par des compromis et la pureté révolutionnaire.

« L’union de la Gauche » est devenue le mantra des partis politiques de gauche, leur alpha et leur oméga; cette union de façade et non pas sur le fond porte en germe des défaites successives, oubliant que l’union est un moyen et non une fin. Les mots de Léon Blum prononcés au Congrès de Tours en 1920 sont plus que jamais d’actualité, “nous sommes convaincus qu’en ce moment, il y a une question plus pressante que de savoir si le socialisme sera uni ou ne le sera pas. C’est la question de savoir si le socialisme sera, ou s’il ne sera pas. »

Nous voilà taraudés, à la veille du 81ème congrès du Parti Socialiste, par la même question existentielle : quel est l’avenir du socialisme et du socialisme français en particulier ? Pourrons-nous enfin envisager l’avenir de notre pays sans l’extrême droite ?

Dans ce contexte de basculement historique, les socialistes ne peuvent s’ancrer dans un monde révolu. Quand tout change, nous devons nous même changer. Face aux peurs modernes, il faut dire la société qui vient et affirmer la nécessité d’un ordre juste. Nous devons être la Gauche des solutions. Les socialistes doivent construire les contours d’une nouvelle utopie qui mérite que l’on vive, que l’on se batte et que l’on espère pour elle.

La contribution générale se déploie en trois parties. Nous présentons tout d’abord les fondements d’un projet socialiste, puis nous développons notre stratégie pour l’élection présidentielle, enfin nous présentons les contours d’un Grand Parti Socialiste.

1. LES FONDEMENTS DU PROJET DE LA NOUVELLE ALLIANCE

Face aux peurs modernes, il faut décrire lucidement la société dans laquelle nous vivons et celle dans laquelle nous voulons vivre. Notre monde est marqué par des désordres climatiques, la guerre aux portes de l’Europe, une raréfaction des ressources essentielles, une fracturation sociale et identitaire croissante, une technologie qui progresse plus vite que nous ne la maîtrisons, la création de l’homme augmenté, un travail « liquide » (questionnant l’unité de lieu et la nature des tâches) et une école qui ne résorbe plus les inégalités.

Les socialistes doivent construire les contours d’une nouvelle utopie qui mérite que l’on vive, que l’on se batte et que l’on espère pour elle, une promesse d’une vie meilleure pour celles et ceux pour lesquels la République est désormais un concept abstrait, pour notre jeunesse qui a le sentiment de porter l’avenir de la planète sur les épaules.

Notre vie doit être meilleure matériellement et, avec la même force, retrouver sens individuellement et collectivement.

Nous devrons mener les nouvelles batailles de la gauche, intégrant au-delà de nos combats historiques, sociaux et économiques, les enjeux identitaires, écologiques, féministes et technologiques avec une valeur cardinale, la démocratie.

Ainsi, nous proposons une nouvelle alliance qui porte l’ambition d’un État puissant garantissant la justice, notre capacité à agir sur le monde, c’est la demande constante de nos concitoyens. La nouvelle alliance incarne l’espoir de reconstruire les liens qui se sont distendus entre nos concitoyens, de porter une vision du monde rassemblant les générations, les classes sociales et les territoires, regardant avec confiance l’avenir.

Face à l’internationale réactionnaire, réactivons l’internationale socialiste et l’Europe des droits pour agir sur les fractures du nouveau monde.

Les exemples des pourparlers de paix engagés dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, du cessez-le-feu négocié au Proche-Orient, d’une politique étrangère de l’Afrique subsaharienne totalement réorientée, partagent le même point commun, l’absence de la France et de l’Europe et illustrent cette nécessité de reprendre notre destin en mains.

Il est impératif pour la France et l’Union Européenne de renforcer leur souveraineté économique et stratégique, à l’heure où l’allié traditionnel américain se dérobe. La guerre en Ukraine a révélé la nécessité pour la France et l’Europe d’adapter leur format militaire. Pour retrouver un rôle moteur dans la gouvernance internationale, elles doivent se réarmer, comme le prévoit le plan « rearm UE ».

Face à la fin du multilatéralisme, une internationale conservatrice qui justifie la loi du plus fort sous le prisme de l’efficacité, qui affaiblit les organisations multilatérales issues de l’après-guerre, telles que l’ONU et l’OMC, il nous faut réinvestir l’internationale socialiste.

En opposition aux  « eux contre nous » porté par les populistes, la nouvelle alliance des classes sociales, le Front de classe et des territoires (zones rurales, quartiers populaires, centres urbains et Outre-mer) propose un pacte avec les citoyens autour des services publics et du consentement à l’impôt.

Dans notre France contemporaine, même les plus convaincus de l’universalisme doutent de notre capacité à faire société. Nous sommes frappés par les attentats de façon régulière, commis y compris par des Français notamment au cœur de nos écoles depuis dix ans maintenant. Le mouvement des « gilets jaunes », les émeutes de juin 2023 qui ont dépassé les seules banlieues, ont montré une colère latente dans le pays. Les Outre-mer, quant à eux ont connu des mouvements sociaux de grande ampleur. La Nouvelle-Calédonie a été le théâtre d’affrontements entraînant des morts. Ces manifestations, qui vont bien au delà des traditionnelles fractures sociales et géographiques, montrent à quel point le lien social et la confiance dans les institutions sont fragilisés.

Il nous faut réunir les sociologies éclatées dans une seule et même alliance, le Front de classe, soit le rassemblement des catégories populaires, des classes moyennes et des classes favorisées.

Pour rendre efficiente cette alliance, il faut agir sur les salaires et le pouvoir d’achat, repenser les services publics non plus seulement en termes de moyens mais aussi en termes d’efficacité, en assurant une société inclusive.

La crise sanitaire a mis en lumière l’accentuation des inégalités d’accès à la santé, à l’éducation et à l’emploi. Notre contrat social doit pouvoir être refondé et reposer sur des politiques volontaristes en termes d’accès aux services publics, au logement, aux transports, en termes de décentralisation et de lutte contre le déclassement territorial.

Pour refonder le consentement à l’impôt, un nouveau pacte démocratique avec les territoires doit être instauré. Il visera à garantir, non seulement l’accès aux services de proximité et aux soins pour tous, particulièrement dans les zones sous-dotées, mais aussi une meilleure lisibilité des services publics, ciments de la cohésion nationale.

Parce que nous ne quitterons jamais la table des négociations sociales, nous nous appuierons sur les corps intermédiaires pour nous ré-approprier la question essentielle du travail à l’aube d’une révolution de même ampleur que celle de la révolution industrielle, la révolution de l’Intelligence Artificielle.

La social-démocratie n’est pas un social libéralisme. Dans la confrontation capital-travail qui structure nos économies et nos sociétés, les socio-démocrates sont du côté des travailleurs, des chômeurs, des retraités.

La valeur travail devient un compromis entre la dignité du travailleur et le capitalisme dans une société post auto-entrepreneur, post-uberisation. La part des jeunes et des seniors qui ont une activité professionnelle est plus basse en France que chez nos voisins européens.

Il est urgent de cibler le maintien en emploi des seniors et la réduction de la part de jeunes qui cessent leurs études sans qualification ni emploi. La ré-industrialisation de notre pays doit permettre une anticipation des reconversions professionnelles sécurisées.

Dans un contexte de décrochage économique de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis et où le ralentissement de la productivité s’est accentué en France, le soutien des socialistes aux entreprises est crucial. Elles doivent être envisagées comme entités économiques mais aussi comme collectifs de travailleurs dont la gouvernance doit être repensée pour ré-équilibrer les rapports de forces en leurs seins.

La détérioration des conditions de travail exige également de réinventer la protection sociale face aux nouvelles formes de précarité et tenir compte de la pénibilité et de la durée des carrières pour les retraites.

Contre les tenants de la décroissance, soutenons une croissance décarbonée dans une Europe compétitive et indépendante économiquement. Allions « fin du mois » et « fin du monde » pour protéger notre environnement face à un capitalisme débridé.

En réponse aux menaces qui pèsent sur notre environnement, la Gauche doit s’atteler à la création d’une croissance décarbonée et à la ré-industrialisation. La croissance n’est pas une option et elle se pense dans le contexte de crise environnementale. Toutefois, il n’y aura pas de transition écologique possible sans une réduction des inégalités.

Parce que nous croyons au progrès, un financement d’ampleur est capital pour l’accélération de la recherche et de l’innovation à travers, notamment, une meilleure orientation de l’épargne européenne, l’investissement dans les technologies propres. La transition écologique représente un moteur d’innovation et d’investissement pour l’économie européenne qui doit sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Nous assumons un mix énergétique diversifié comprenant le nucléaire, électricité décabornée, pour lequel il s’agit de moderniser et de conforter le parc existant. Il n’y aura pas de développement industriel significatif sans production d’électricité à un prix compétitif.

Nous développerons l’agro-écologie au service de la sécurité alimentaire – en particulier des plus modestes – pour préserver durablement notre capacité à nous nourrir et à lutter contre le changement climatique.

Le réarmement économique et une politique de redistribution renouvelée doivent s’accompagner d’une réflexion sur la soutenabilité de la dette publique française et l’efficacité des dépenses de protection sociale.

Ce réarmement économique doit permettre également de lutter contre la double peine subie par les Outre-mer frappés par la vie chère associée à des revenus modestes. Il faut agir sur les économies ultramarines.

Enfin, une ambition majeure pour améliorer le quotidien est souhaitable, en renforçant les infrastructures et les réseaux, en fondant une nouvelle alliance entre l’Etat et les collectivités locales, en créant un établissement public sur le modèle du Grand Paris.

Entre accueil inconditionnel et fermeture radicale, il nous faudra piloter véritablement la politique migratoire de manière équilibrée face aux défis du nouveau monde.

Comment parler d’immigration en vérité ? La politique d’immigration doit être pilotée. La question migratoire va s’imposer en raison des bouleversements climatiques à venir et la fermeture des frontières portée par l’extrême-droite est illusoire. La coopération avec les pays d’origine est impérative. Il faut ouvrir le débat sur les critères d’admission d’étrangers et sur leurs conditions de travail qui doivent pouvoir être définis par le Parlement, traiter la situation des étrangers en situation irrégulière depuis de nombreuses années. Il faut les régulariser. Il est nécessaire de traiter la question des OQTF en dehors d’un discours simpliste.

Contre la fausse promesse d’une société sans autorité, instaurons une confiance collective entre les Français, la justice et les forces de l’ordre autour de la sécurité.

Il semble indispensable d’instaurer, comme le font les collectivités locales, un pacte national entre les forces de l’ordre, la justice et les citoyens. C’est une condition sine qua non du renforcement de notre état de droit si malmené.

Nous assistons à une double impasse : une partie de la population se défie des forces de l’ordre alors que la demande d’autorité s’accroît. La Gauche ne doit plus craindre de s’emparer de la question sécuritaire, première des inégalités, tant sur le plan territorial que social. Nous devons nous consacrer pleinement à la question de la souffrance des victimes, de leur réparation.

L’Etat doit en priorité s’attaquer au narcotrafic qui gangrène notre société, risquant de déstabiliser des quartiers entiers. Il doit également clarifier la doctrine d’intervention des forces de l’ordre, alliant lutte contre le grand banditisme et résolution des problèmes de tranquillité publique du quotidien. Il faut enfin réformer l’organe de contrôle des policiers afin de rétablir une confiance des citoyens envers l’institution. 

L’alliance des générations déchirées, c’est aussi rassurer la jeunesse qui a le sentiment de porter, seule, l’avenir de la planète sur ses épaules et celle qui subit les effets de la prédestination sociale.

Ces bouleversements engendrent une crise identitaire pour les citoyens, l’anxiété d’une jeunesse qui désespère d’entrevoir un chemin.

Aujourd’hui, une partie des jeunes s’expatrie, est confrontée aux crispations identitaires, s’oriente vers des solutions extrêmes (fondamentalisme, zadisme, néo-fascisme… ).

A leurs yeux, les grandes mobilisations d’hier qui apportaient des victoires sont éteintes. Une social-démocratie renouvelée doit ouvrir la voie vers un nouveau roman national, porteur de repères pour les jeunes.

D’abord, activer la méritocratie face à l’«héritocratie» montante. L’héritage est le moyen de reproduction des inégalités le plus puissant qui existe. Il estimpératif de mettre en place des mécanismes permettant de donner à ces jeunes, en particulier ceux issus des milieux les plus défavorisés, un véritable capital de départ.

La détérioration des conditions de travail des jeunes travailleurs impose une réforme en profondeur de notre modèle d’émancipation. Réinventons la protection sociale, face à une précarité nouvelle qui touche de plus en plus de jeunes. Il faut enfin refonder la protection de l’enfance.

Parce qu’il est urgent pour la Gauche de repenser les notions de réussite, de mérite et d’excellence, instaurons une nouvelle alliance éducative entre l’Éducation Nationale, l’Éducation Populaire et les parents.

L’OCDE, dans son classement à partir des données PISA, rapporte une aggravation des inégalités scolaires en France. Des réformes structurelles doivent ainsi viser à refonder un système scolaire rassurant les parents sur le fait que leurs enfants auront le meilleur accompagnement en vue de leur réussite, et de leur émancipation. Cela implique une nouvelle alliance éducative, une collaboration renforcée entre l’Éducation Nationale, l’Éducation Populaire et les parents.

« Quand un mythe s’effondre, il faut lui proposer un contre mythe …sinon on va voir souvent vers les extrêmes » Rachid Benzine, politologue.

Notre projet doit porter un combat existentiel, celui de promouvoir un universalisme renouvelé. Nous devons à la fois refuser la tentation différentialiste et essentialiste, y compris à gauche et écarter un principe d’assimilation qui nierait les histoires personnelles. Aucune élection présidentielle ne sera victorieuse si nous n’affirmons pas la France que nous voulons.

Ré-expliquer la laïcité est également fondamental. « En résumé la liberté d’expression c’est le droit à l’irrespect et la laïcité le droit au respect » affirmait Patrick Weil, politologue lors de ces mêmes rencontres.

Nous ne devons rien lâcher des combats féministes alors que leurs acquis semblent régresser partout dans le monde. Le parti socialiste, qui a été à l’avant-garde de la progression des droits des femmes, doit continuer à jouer ce rôle d’éclaireur en faisant de l’égalité femmes – hommes une grande cause nationale. Nous devons garder au cœur la lutte contre les discriminations.

Il nous faut affirmer que la France est métissée dans une Europe qui l’est tout autant. Nous sommes une société de métissage, en réalité nous l’avons toujours été.

La République, notre République est sociale, démocratique, laïque et métisse.

Voilà le chemin universaliste que nous pouvons emprunter, en sortant de l’assignation à résidence qui s’installe, à la fois dans les quartiers populaires et dans le monde rural.

Connaître notre histoire et ses résonances dans l’époque moderne, dire nos racines et affirmer  un destin commun, voilà la vision des socialistes.

Ainsi, une social-démocratie en mesure de relever les défis d’un universalisme refondé,  s’appuyant sur une laïcité opératoire, et la recherche constante de justice à la fois dans la vie quotidienne et dans l’ordre du monde, voilà l’utopie dans un monde secoué par une révolution conservatrice qui peut entraîner notre « Vieux Continent ».

2. La stratégie présidentielle – une nouvelle alliance : du processus d’Epinay II à la formation d’un Grand Parti Socialiste

Dans ce contexte de bouleversement profond seule une candidature socialiste ou social-démocrate en 2027 dotée d’un projet de transformation du pays pourra entraîner l’adhésion d’une majorité de Françaises et Français et empêcher ainsi le RN d’arriver au pouvoir. L’élection présidentielle française est une étape clé dans la lutte contre la vague nationale-populiste.

« L’union de la Gauche » est devenue le mantra des partis politiques de gauche. Or l’histoire montre qu’une candidature unique de la gauche n’est pas la garantie d’une victoire à l’élection présidentielle ou à des élections législatives. L’union est un moyen et non une fin.

A l’issue du congrès nous construirons une nouvelle alliance en portant un « Epinay II » préparé par une délégation générale à l’unité regroupant tous ceux qui participent à ce processus (partis, clubs etc.).

Ces assises de la Gauche réuniront la famille des socialistes et socio-démocrates dispersés : les militants qui se sont regroupés autour de Benoit Hamon, Emmanuel Maurel, Bernard Cazeneuve, Raphaël Glucksmann, Sacha Houlié, le PRG et celles et ceux qui ont leur histoire consubstantielle à celle du PS.

C’est ainsi que nous reconstruirons une alliance politique véritablement démocratique, abritant les sensibilités de la gauche républicaine qui apportera des réponses aux Françaises et aux Français. C’est au sein de cette nouvelle formation politique, au sein d’un Grand Parti Socialiste, que les militants désigneront leur candidat ou candidate à l’élection présidentielle à l’automne 2026.

En effet, la désignation de notre candidat, au travers d’une primaire sous la forme de la primaire populaire ne peut fonctionner, notamment parce que LFI a déjà annoncé qu’elle aura un candidat.

Dans le même temps, nous devrons préparer un contrat de législature et de gouvernement commun avec les écologistes, les communistes et les formations de gauche qui le souhaitent, en travaillant sur nos convergences et sur nos divergences.

Enfin, le Nouveau Front Populaire est caduc. La NUPES, puis le NFP, réalisés sans projet co-construit, n’ont pas permis d’être victorieux. S’il y a une dissolution anticipée, nous ne ferons pas d’accord national avec LFI. Nous mettrons en œuvre les désistements de second tour face au RN.

3. Un Grand Parti Socialiste

Retrouver une dynamique victorieuse, c’est aussi réorganiser notre Parti en garantissant la démocratie interne et la transparence de ses décisions. Un nouveau contrat sera passé entre le PS et ses adhérents. Le PS doit redevenir un lieu de l’élaboration de la pensée et recouvrer sa fonction historique – celle d’être une intelligence collective.

Ainsi, nous proposons des évolutions statutaires et de fonctionnement :

  1. rénover et alléger les statuts, intégrer le règlement intérieur. Elire au congrès une commission de rénovation des statuts,
  2. rendre au congrès son pouvoir de rassemblement et de synthèse en élisant le Premier Secrétaire au suffrage universel des adhérents à l’issue du congrès,
  3. désigner une Direction Nationale d’une trentaine de postes aux responsabilités claires pour en finir avec la multiplication des titres qui conduit à un fonctionnement par clans. S’engager à y faire siéger les personnalités du Parti,
  4. lancer un plan de numérisation du parti et des fédérations, tout en conservant le militantisme de terrain, en valorisant les sections et les fédérations. Faciliter les partages d’expériences des militants de toute la France, entre les militants et la direction nationale et avec les partenaires extérieurs. Mettre à plat la gestion des fichiers d’adhérents, reformater le BNA,
  5. créer un collège de militants siégeant au CN,
  6. mettre en œuvre un plan d’aide à une cinquantaine de fédérations notamment en créant des postes de permanents fédéraux gérant chacun cinq fédérations,
  7. améliorer la transparence financière en créant autour du trésorier national une commission financière inter TO. Faire voter par le BN un budget prévisionnel. Instituer une présidence de la CNCF par un TO minoritaire,
  8.  renouveler le militantisme par l’action : formation des militants axée sur la pratique de terrain, système de parrainage pour les nouveaux arrivants,
  9. se reconnecter aux intellectuels, forces vives de la société, jeunes, classes populaires et moyennes en mettant en place un travail continu.

CONCLUSION

Nous écrivions pour le 79ème Congrès du PS : “Le socialisme est né d’une révolte de la conscience humaine contre les cruautés du capitalisme. Au nouveau capitalisme, doit s’opposer un nouveau socialisme… Le PS, s’il se transforme, a l’avenir pour lui et il aura de plus en plus le peuple français avec lui.

A ce moment charnière de notre récit collectif, notre détermination à réaffirmer notre identité au regard du chemin parcouru par « Debout Les Socialistes » est plus forte que jamais. Parce que « le socialisme c’est la République jusqu’au bout », comme l’affirmait Jean Jaurès, nous en appelons à la responsabilité de l’ensemble des militants confrontés à un choix déterminant : celui de l’existence même de la République.

Voilà le moment de la Gauche Républicaine, porteuse d’utopies qui transforment le monde, capable de gouverner pour changer la vie des Françaises et des Français. Voilà le temps des socialistes !

***

 AGENDA DE LA NOUVELLE ALLIANCE

Juillet 2025 : Travail au rassemblement des socialistes autour des enjeux électoraux de 2026 et 2027

  • Lancement du pacte « Pas une commune sans candidat socialiste » avec la FNESR, les UDESR sur la réussite des élections municipales.
  • Lancement d’un cycle de conventions thématiques pour le renouvellement de notre offre politique et aux organes de réflexion de gauche.
  • Lancement d’une réflexion sur le nouveau contrat de gouvernance du Parti avec ses adhérents: Mise en place d’un mandat clair pour chaque instance du parti du national au local : le SN dirige, le BN débat, le CN tranche. Réflexion et mise en oeuvre de la réforme des statuts…

Septembre 2025 

  • Consultation des syndicats et du « pacte du pouvoir de vivre », de la commission nationale entreprise.
  • Déclinaisons territoriales des conventions thématiques / Conférences militantes thématiques réunies par le CN.

Octobre 2025 : Assises de la Gauche

  • Cycle de discussions avec les forces politiques de gauche et écologistes sur la base des textes issus des conventions thématiques et de la méthode « Epinay II ».
  • Restitution du pacte sur les élections municipales et de la réforme statutaire du Parti aux adhérents.
  • Participation aux forums citoyens thématiques, discussions avec les réseaux associatifs.

Novembre 2025

  • Lancement du projet présidentiel socialiste-social-démocrate.

Décembre 2025

  • Vote sur la nouvelle alliance et la nouvelle organisation du Parti.

Mars 2026

  • Elections municipales.

Juin 2026

  • Désignation du candidat à la présidentielle.